UN ENJEU MAJEUR
Attractivité de la Moselle
20 ans après la fin du charbon, l’avenir de la Moselle-Est s’écrit toujours sous le signe de l’énergie mais désormais avec un positionnement local renforcé dans les énergies renouvelables. En effet, les projets industriels autour de l’hydrogène, du solaire et du gaz de couche se multiplient.
20 ans après la fin du charbon, l’avenir de la Moselle-Est s’écrit toujours sous le signe de l’énergie mais désormais avec un positionnement local renforcé dans les énergies renouvelables. En effet, les projets industriels autour de l’hydrogène, du solaire et du gaz de couche se multiplient.
La « plus grande » usine de panneaux solaires d’Europe ou encore la transformation d’une centrale à charbon en « écoplateforme » : le terreau industriel de la Moselle se renouvelle et veut devenir un territoire majeur d’accueil de la transition énergétique. Notre département dispose d’une grande histoire industrielle, bâtie au XIXe siècle sur le charbon et la sidérurgie. Il attire désormais les investisseurs porteurs de projets nettement plus verts.
Grâce au développement des zones d’activités économiques et la diversification du tissu économique, la Moselle-Est en est un formidable exemple car elle a su mobiliser ses énergies pour se reconstruire. Plusieurs anciennes friches industrielles ont été réhabilitées et accueillent désormais de nouvelles entreprises. L’implantation d’industries comme Faurecia, ainsi que la montée en puissance de la logistique, ont permis de compenser en partie la perte d’emplois dans les secteurs miniers et sidérurgiques. Cela a contribué à l’attractivité du territoire.
L’industrie génère 54 000 emplois dans le département, soit 15%, contre 12% à l’échelle nationale. Et les projets sont de plus en plus vertueux.
CELLCIUS FAIT RAYONNER LA MOSELLE
Le 15 octobre 2020 était inauguré, à Creutzwald, Cellcius, la plus grande centrale solaire thermique de France connecté à un réseau de chaleur !
Ce projet ambitieux, représentant 6 049 m² de panneaux installés, fruit d’un partenariat entre la Ville de Creutzwald, la Communauté de Communes du Warndt, Enes (régie locale d’électricité) et la Française de l’Énergie, a bénéficié d’un soutien important de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME).
Avec un budget total de 2,4 millions d’euros, dont 1,3 million subventionné par l’ADEME, ce projet illustre une volonté politique affirmée de verdir la production énergétique locale. La société Cellcius SAS, basée à Forbach, est détenue à 51 % par la Française de l’Energie et à 49 % par Enes.
Mise en service début 2021, cette centrale thermique répond aujourd’hui à 100 % des besoins en chaleur du réseau urbain pendant la période estivale et même au-delà. Contrairement aux centrales photovoltaïques qui produisent de l’électricité, la centrale solaire thermique utilise l’énergie du soleil pour chauffer un liquide stocké dans un réservoir de 2 000 m³. Ce stockage permet de continuer à fournir de la chaleur au réseau, même sans ensoleillement direct, offrant une solution fiable et durable. Une quarantaine de clients de la zone d’activités et certains bâtiments, comme le stade nautique, en bénéficient.
Le réseau de chaleur de Creutzwald et de sa communauté de communes est désormais alimenté à 60 % par des énergies renouvelables grâce à Cellcius, ce qui constitue une avancée majeure, dépassant l’objectif initial de 50 % d’énergies primaires renouvelables.
GAZELENERGIE
Autre illustration directe de la nouvelle ère, celle de la transition écologique, à Saint-Avold, où GazelEnergie, le propriétaire de la centrale à charbon Émile Huchet - encore en service cet hiver en cas de tensions sur l’approvisionnement énergétique - veut transformer le site en une « écoplateforme industrielle ». Une chaudière biomasse, un stockage d’électricité sur batteries et une unité de production d’hydrogène renouvelable devraient y être implantés. Fin octobre 2023, GazelEnergie et l’entreprise de biochimie norvégienne Circa Group y ont signé un bail d’implantation d’une usine de production de solvants verts et durables à l’échelle industrielle en utilisant les déchets issus de la biomasse forestière locale.
Cette initiative vise à répondre aux besoins de décarbonation du secteur énergétique tout en assurant la sécurité d’approvisionnement de la France. Le gouvernement devrait prochainement se prononcer sur le projet, après l’annonce du Président de la République en septembre 2023. Ce dernier a confirmé la fermeture du charbon à Saint-Avold d’ici 2027, tout en convertissant la centrale avec des combustibles alternatifs comme la biomasse et les résidus agricoles.
UN PROJET ATTENDU
Cette conversion, pourtant attendue, fait face à des enjeux cruciaux. Le réseau électrique français, interconnecté avec l’Allemagne, dépend largement des centrales à charbon allemandes, notamment lors des pics de demande. Ainsi, le projet de GazelEnergie, qui propose de remplacer totalement le charbon par du biogaz, semble répondre à une double nécessité locale et nationale. Ce projet est économiquement et techniquement viable, avec un investissement de 100 millions d’euros, six fois inférieur à celui d’une nouvelle centrale à gaz.
Cependant, pour que GazelEnergie puisse démarrer les travaux en 2025 et assurer la pérennité de l’emploi sur site, deux conditions essentielles doivent être remplies par l’État : l’autorisation législative de la conversion au biogaz et la mise en place d’un mécanisme de rémunération via le système électrique pour garantir la rentabilité à long terme du projet. Le gouvernement doit donc trancher rapidement pour concrétiser cette reconversion qui ne nécessite pas de fonds publics mais qui pourrait jouer un rôle clé dans la transition énergétique. GazelEnergie n’a pas attendu pour préparer le site à un avenir industriel décarboné ; en effet plusieurs dizaines de millions ont déjà été investis pour démanteler les infrastructures arrêtées, préparer une partie du foncier dans une logique clef en main.
En attendant, GazelEnergie et Q ENERGY ont inauguré le 9 décembre 2024 la plus grande centrale de stockage d’énergie du Grand Est, sur le Site Émile Huchet - Saint-Avold. Ce projet représente une avancée majeure dans la transition énergétique, avec une capacité installée de 35 MW et une capacité de stockage de 44 MWh. Il contribuera à stabiliser le réseau électrique tout en facilitant l’intégration des énergies renouvelables. Et ce n’est que le début ! Une seconde phase de 65 MW, décidée par GazelEnergie, portera la capacité totale de stockage du site à 100 MW d’ici 2026, faisant du site Émile Huchet l’un des plus grands hubs de stockage énergétique en France.
La centrale Émile Huchet et sa réindustrialisation décarbonée à Saint-Avold. ©DR
Attractivité Environnement