ILS FONT LA MOSELLE

UNE HISTOIRE DE FAMILLE

Ève Maurice est vigneronne et oenologue depuis une vingtaine d’années. Le domaine des Béliers est le travail de plusieurs générations, il s’est développé comme un véritable jardin qui a accueilli des vignes, puis des fraises et à nouveau des vignes. Au début du XXe siècle : les grands-parents de son grand-père, étaient déjà viticulteurs. Entre temps les guerres et le phylloxera sont passés par là. C’est en 1983 que son père et sa mère, qui travaillaient dans l’industrie automobile, ont fait la demande à l’INAO* afin de replanter des vignes et le choix de la double activité. Avec 80 ares de droit de plantation octroyés, l’aventure viticole recommençait ! 30 ans plus tard, il y avait 3 hectares. Quant à Ève, elle est revenue travailler avec son père en 2007 après des études en viticulture et oenologie. Elle reprend complétement la main en 2008.

LA MOSELLE CHEVILLÉE AU CORPS

Eve qui est partie en Italie, au Portugal, en Espagne, au Canada pour découvrir d’autres vins aurait pu poser ses valises n’importe où. Pourtant après une dizaine d’années loin du domaine, elle veut retrouver ses racines, se rapprocher de sa famille. Elle travaille d’ailleurs toujours avec son frère Alain. Aujourd’hui, avec ses collègues de l’organisme de défense et de gestion (ODG) elle oeuvre pour la reconnaissance des vins de Moselle. Et quand on lui demande pourquoi s’installer en Moselle quand on est viticulteur, elle répond du tac au tac : « Tout d’abord parce que c’est une appellation qui est pleine d’avenir et où il reste beaucoup de choses à faire ». En effet, la plus jeune des appellations françaises est aussi l’une des plus petites, avec 80 hectares en production, mais c’est certainement l’une des plus dynamiques en termes de croissance. Son potentiel d’extension s’élève en effet à 670 hectares de terres classées en AOC sur les 18 communes de l’aire géographique approuvée par l’INAO.

RENFORCER LA VITICULTURE MOSELLANE

Forte de ce constat, avec un bureau de l’ODG mêlant l’expérience et la jeunesse, la priorité de la nouvelle présidente sera de défendre, de structurer et de développer les Vins de Moselle. Elle souhaite également poursuivre le travail sur la restructuration foncière via les AFAFE (Aménagement Foncier Agricole, Forestier et Environnemental). L’AFAFE est un mode d’aménagement foncier rural dont la mise en oeuvre relève depuis 2006 de la compétence du Département. En pratique, il s’agit d’une opération de restructuration foncière qui intervient à l’échelle communale ou intercommunale et implique de nombreux acteurs. Cette procédure qui vise une nouvelle distribution parcellaire a un triple objectif :

•  Améliorer l’exploitation agricole en diminuant le morcellement,
• Favoriser l’aménagement du territoire communal et rural,
• Respecter les équilibres environnementaux et le devenir des paysages pour une mise en valeur des espaces naturels ruraux.

Pour la nouvelle présidente, « il faut réfléchir à une production viticole vertueuse, péri-urbaine, au milieu de l’habitat pour une meilleure cohabitation avec le voisinage. » Elle souhaite également que la filière apporte un soutien particulier à l’installation des jeunes viticulteurs. Depuis quelques années, les accidents climatiques violents se multiplient et rendent les prises de décisions à l’installation comme seule source de revenus plus complexes. Enfin, elle souhaite développer des collaborations avec les cavistes et les restaurateurs afin d’imaginer des accords « Mets et vins » sur les belles tables de Moselle et valoriser le travail des viticulteurs. L’AOC sera aussi associée à des événements prestigieux comme le Michelin à Metz en mars, pour davantage de visibilité. Avec la vingtaine de viticulteurs réunis sous cette appellation, elle veut faire de la filière un modèle de dynamisme et de durabilité, prêt à rayonner bien au-delà de nos frontières. Une belle ambition pour la Moselle !

* Institut National de l’Origine et de la Qualité.