PORTRAIT
Simone Schlitter, autant n'en emportera pas le vent
De ses souvenirs, « feuilles mortes » dispersées par le vent, Simone Schlitter a fait un livre, vivant, poignant. Cette nonagénaire mosellane raconte la guerre et la Libération à hauteur d’enfant, entre insouciance et peur.
De ses souvenirs, « feuilles mortes » dispersées par le vent, Simone Schlitter a fait un livre, vivant, poignant. Cette nonagénaire mosellane raconte la guerre et la Libération à hauteur d’enfant, entre insouciance et peur.
Simone Schlitter, 92 ans, fascine par sa politesse, la chaleur et l’impact de ses mots et de son intonation… en contraste avec sa maîtrise des nouvelles technologies. Elle a écrit, illustré et auto-édité un livre, « Les tresses de Simone », pour raconter « sa » Seconde Guerre mondiale et la Libération. « J’avais besoin de partager mes souvenirs car personne ne sait ce que l’on a subi ! » Le livre couvre la période de 1935 à 1950. On y découvre, d’abord, Simone à 4 ans, son père alors chef de gare à Berthelming. Puis à 7 ans, lorsqu’elle demande à son grand-père s’il est « plus fort qu’Hitler ». « Bien sûr ! », lui répond-il.
J’avais besoin de partager mes souvenirs car personne ne sait ce que l’on a subi !
SANS GRAVITÉ NI AMERTUME
C’est avec cette simplicité, sans gravité ni amertume, que la vieille dame témoigne. « Lors de notre arrivée dans les Vosges, où ma famille est évacuée, notre omnibus est mitraillé. Je me cache sous un wagon, puis je suis les gens quand ils s’accordent sur une direction. » Elle raconte ses pérégrinations au gré des affectations de son père, à Strasbourg notamment, où il est nommé inspecteur de gare par les Allemands. « Les bombardements s’intensifient, mais les alertes aux avions me réjouissent : l’école commence plus tard le lendemain ! »
C’est à Haguenau que Simone vit les « terribles combats des Allemands et des Américains. Trois longs mois dans une cave pour se protéger des obus. » La Libération se fait à petits pas, du Débarquement en Normandie en juin 1944 à la libération de Haguenau en mars 1945.
Accusé de collaboration, le père de Simone se réfugie avec sa famille à Thionville, dans la maison sinistrée des grands-parents. « La vraie guerre commence, sans argent, avec un père sans emploi… » En ce 80e anniversaire de la Libération, le Département choisit de faire connaître l’histoire de Simone. Son livre sera bientôt disponible dans tous les collèges de Moselle et les 153 bibliothèques du réseau départemental. Un bel hommage.
« Les tresses de Simone », en commande à la librairie Hisler (Metz), 26,90 €.
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