EURODÉPARTEMENT
La Moselle, européenne par nature
Dotée d’une situation géographique exceptionnelle, la Moselle a la coopération transfrontalière inscrite dans son ADN. En ce mois de l’Europe et alors que nous venons de célébrer le 60e anniversaire du Traité de l’Élysée, retour sur la stratégie qui a conduit la Moselle à s’affirmer comme « l’Eurodépartement français » dès le 9 mai 2019.
Dotée d’une situation géographique exceptionnelle, la Moselle a la coopération transfrontalière inscrite dans son ADN. En ce mois de l’Europe et alors que nous venons de célébrer le 60e anniversaire du Traité de l’Élysée, retour sur la stratégie qui a conduit la Moselle à s’affirmer comme « l’Eurodépartement français » dès le 9 mai 2019.
Elle est l’un des quatre départements français à posséder une frontière commune avec deux États européens : la Moselle a sur son territoire les 4/5es de la frontière franco- luxembourgeoise et les deux-tiers de ses frontières extérieures sont communes avec la Sarre. Elle s'insère dans la Grande Région, vaste ensemble composé de la Wallonie, du Grand-Duché de Luxembourg, de la Rhénanie-Palatinat, de la Sarre et de la Lorraine.
Au cœur de cet espace, l’Allemagne et le Luxembourg font figure de poumons économiques. Quotidiennement, 100 000 Mosellans franchissent la frontière, faisant de la Moselle le 2e département français en nombre de travailleurs frontaliers. Une singularité qui n’est pas sans poser des défis, dont ceux des mobilités transfrontalières et des dynamiques démographiques.
Une action transfrontalière, trois piliers
Dans ce contexte, la Moselle conduit une action transfrontalière résolue et multiforme. Sur le plan opérationnel, sa stratégie s’articule autour de trois piliers : le marché de l’emploi transfrontalier, la mobilité transfrontalière et le bien vivre à tout âge dans un bassin de vie transfrontalier.
Côté emploi, le Département entend permettre aux Mosellans de saisir les opportunités hors de nos frontières. C’est pourquoi il a, par exemple, initié la création de la MOSA – Maison Ouverte des Services pour l’Allemagne avec les intercommunalités de Moselle Est. Inspirée de la Maison du Luxembourg à Thionville, la MOSA a rendu service à 5 000 frontaliers en 2022. Pour faciliter leur quotidien, le Département finance également la Task Force Travailleurs Frontaliers 3.0, qui propose des solutions clés en main en matière de droit du travail, de la formation, des impôts…
Confrontée à l’engorgement de certains axes de circulation vers le Luxembourg, la Moselle agit en outre pour des liaisons frontalières durables. Elle vient par exemple de signer une convention relative à la création de voies dédiées aux transports en commun sur la RD653, entre Hettange-Grande et Évrange.
La collectivité se mobilise aussi pour le renforcement des liaisons ferroviaires. Alors que la réouverture de la ligne Metz-Trèves est enfin envisagée pour 2024, le Département prône aujourd’hui l’ouverture d’une liaison Sarre-Luxembourg via la Moselle.
Bien vivre dans l’espace transfrontalier
La nature transfrontalière de nos territoires impacte bien sûr la vie des Mosellans au-delà des sujets de vie active. Et cela commence dès le plus jeune âge, avec le développement de crèches transfrontalières (que la Moselle accompagne avec l’Eurodistrict SaarMoselle) ou encore la nécessité de renforcer la protection de l’enfance au niveau transfrontalier.
Sur un tout autre sujet, le Service d’incendie et de secours de la Moselle (SDIS 57) a piloté le projet INTER’RED, avec tous les acteurs de la lutte contre l’incendie et de la protection des biens et personnes de la Grande Région. 7,2 M€ ont été mobilisés dont près de 2,1 M€ par le SDIS 57. À la clé : une meilleure cohésion pour des interventions toujours plus efficaces.
Autre exemple de coopération concrète, la convention MOSAR développe l’entraide entre les principaux hôpitaux du bassin de vie Moselle-Sarre pour une meilleure prise en charge des frontaliers.
C’est encore à l’initiative du Département que le projet transfrontalier Senior Activ a pris forme autour du bien vieillir. Doté de 3,1 M€ dont 590 000 € financés par la Moselle de 2018 à 2022, ce programme ambitionnait d’améliorer les conditions de vie des aînés de la Grande Région en agissant pour ralentir le vieillissement, anticiper l’adaptation du logement et prévenir la rupture de lien social.
Le projet INTER'RED a permis aux sapeurs-pompiers de la Grande Région de partager connaissances et expertise.
Photos © A. BOUGES - SDIS 57
Une collectivité de référence
Engagée sur le plan opérationnel, la Moselle l’est en parallèle sur le plan institutionnel et politique, ce qui lui vaut d’être reconnue comme collectivité de référence en matière de coopération transfrontalière. Elle est ainsi autorité partenaire des programmes INTERREG, gérant les fonds européens dévolus à la coopération transfrontalière. Elle adhère à la Mission Opérationnelle Transfrontalière (MOT), association qui facilite le dialogue entre autorités nationales, européennes et acteurs locaux. Membre du Comité de Coopération Transfrontalière instauré par le Traité d’Aix-la-Chapelle (France/ Allemagne) et de la Commission Intergouvernementale franco-luxembourgeoise, le Département entretient par ailleurs des relations bilatérales de proximité avec ses voisins.
Des échanges particulièrement nourris côté sarrois ces derniers temps. Le 20 mars 2023, le Président du Département a ainsi rencontré David Lindemann, Chef de la Chancellerie d’État, et Reinhold Jost, Ministre sarrois des Sports et de l'Intérieur pour évoquer les dynamiques sportives en lien avec Paris 2024. Le même jour, il a été reçu par Christine Streichert-Clivot, Ministre de l’Éducation et de la Culture de la Sarre. Tous deux ont rappelé leur volonté d’amener davantage d’élèves à apprendre la langue du voisin et d’intensifier les jumelages. La Ministre a par ailleurs réaffirmé son souhait de s’engager aux côtés de la Moselle à la suite de SESAM’GR, projet transfrontalier qui visait à offrir aux jeunes les compétences clés pour vivre, évoluer et travailler dans la Grande Région.
Le 20 avril 2023, c’est une entrevue avec le Dr Magnus Jung, Ministre sarrois du Travail qui était planifiée, pour évoquer, entre autres, les tensions sur le marché de l’emploi. En effet, alors qu’il y a de plus en plus de postes ouverts en Sarre, le nombre de Mosellans y travaillant diminue régulièrement. Un paradoxe qui ne fait que renforcer la pertinence du programme d’assistants éducatifs de langue et du portail Moselle Langues, conçu pour promouvoir le plurilinguisme.
Enfin, le mois d’avril 2023 s’est achevé avec l’accueil, à l’Hôtel du Département, de la Ministre-Présidente du Land de Sarre. Anke Rehlinger, également Plénipotentiaire de la République fédérale d’Allemagne chargée des affaires culturelles franco-allemandes, a pu balayer avec le Président Weiten l’ensemble des sujets de coopération transfrontalière bilatérale pour construire une nouvelle feuille de route, en cette année du 60e anniversaire du Traité de l’Élysée. Une rencontre particulièrement importante pour mettre la Moselle au diapason de la « stratégie France » de la Sarre.
FOCUS SUR...
Un laboratoire « à ciel ouvert » de la coopération transfrontalière
Officiellement constituée le 15 septembre 2022, l’association Vita Futura Bliesbruck-Reinheim a pour objectif de renforcer l’attractivité du Parc archéologique européen et d’en faire un site de référence pour lever les freins et les obstacles administratifs à la coopération franco-allemande de proximité. Autour de la Moselle (qui en assure la première présidence) et du Saarpfalz-Kreis, les membres fondateurs sont : le Land de Sarre, la commune de Gersheim et la Saarpfalz-Touristik côté allemand ; la Communauté d’Agglomération Sarreguemines Confluences, la commune de Bliesbruck et Moselle Attractivité côté français. En 2023, l’association a adopté un programme de travail ambitieux qui s’appuie sur les financements de tous ses membres (dont 50 000 € du Département). Premier gros défi à relever, les contraintes étant encore nombreuses,la Moselle et le Landrat ont déjà engagé les travaux pour que l’édition 2023 de Vita Romana soit pour la première fois pleinement transfrontalière. « L’ensemble que constitue le Parc archéologique européen couvre une période historique sans précédent dans l’Antiquité, où il n’existait pas de frontière et où la vie allait d’un versant à un autre sans contraintes ni interrogations. C’est bien cet esprit que nous souhaitons retrouver et développer », a rappelé Patrick Weiten, Président du Département de la Moselle, Président de Vita Futura Bliesbruck-Reinheim.
Une coopération féconde
La Moselle a co-présidé le Sommet des Exécutifs de la Grande Région de janvier 2021 à janvier 2023 avec la Préfecture de Région, la Région Grand Est, la Meurthe-et-Moselle et la Meuse. La Présidence française est ainsi parvenue à créer une nouvelle dynamique sur le plan médical et sanitaire basée sur le retour d’expérience de la crise Covid. Sous l’impulsion de la Moselle, la Grande Région s’est aussi dotée d’une Charte du Sport. Les signataires considèrent notamment que « tous les habitants de la Grande Région(…) doivent se voir proposer des offres inclusives et adaptées ». Ils reconnaissent « l’engagement des clubs sportifs (…) au coeur du dispositif qui permet l’apprentissage et la promotion des valeurs et des principes éthiques comme le respect et le fair-play ». En clôture de la Présidence française, Patrick Weiten, Président de l’Eurodépartement, a annoncé vouloir donner une ouverture transfrontalière aux événements sportifs et culturels mosellans, rappelant la volonté de la Moselle de s’inscrire dans une coopération concrète.
Pour répondre aux besoins des habitants de son bassin de vie transfrontalier, la question transfrontalière irrigue toutes les politiques de la Moselle, « du premier sourire au dernier soupir ». C’est pourquoi, s’affirmant comme « l’Eurodépartement français » depuis le 9 mai 2019, le Département de la Moselle revendique le droit à la différenciation et l’extension de ses compétences pour une action transfrontalière simplifiée et plus fluide.
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